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Au coeur de Fragments
19 septembre 2006

Chapitre III (5)

Ce calme étrange qui règne à l’intérieur des ruines a préservé les traces. Elle sont plutôt chaotiques, la neige a été tassée par endroits, rejetée ailleurs, le tout sans ordre apparent. Mais à l’extrémité de ce fouillis une piste bien plus ordinaire s’éloigne, sous la forme de traces de pas. Je ne m’y connais que peu, mais elles me semblent s’éloigner de cet endroit. Je les suis sans hésitation.

La piste m’entraîne rapidement jusqu’au terme de la colonnade. Des arches, ou plutôt des ébauches de ce qui aurait dû devenir des arches s’accrochent aux piliers. Cette partie semble plus avancée, et pourtant son air inachevé n’en est que plus troublant, inquiétant. Je progresse rapidement entre les ombres étirées de cette construction fantôme, les yeux rivés sur la neige. Je suis de plus en plus certain que la piste est fraîche. Le vent a adouci les formes, mais elles sont encore très visibles. Un frisson d’excitation me parcours l’échine. Je ne suis qu’un enfant suivant un jeu de piste, un jeu fou et solitaire. Il m’attire enfin hors de cet inquiétant endroit, face au paysage enneigé à nouveau. Mais cette fois je distingue des hauteurs, non loin. Et un éclat de couleur qui attire mon attention.

Je me précipite dans sa direction sans plus sentir la fatigue ou le découragement. J’ai la nette impression qu’à peine quittées ces sinistres colonne je suis libéré d’un poids. Et c’est ainsi, l’esprit plus léger, que j’arrive enfin à bien distinguer l’objet de ma curiosité. Un autre aurait hésité mais l’habitude ne me laisse aucun doute. Je viens de trouver une autre navette. Je m’approche à pas plus mesurés. Elle est visiblement plus grande que la mienne mais je n’en trouve pas le modèle. Peut-être ces années perdues sans me renseigner sur le petit monde du voyage. Son dos a été peint en bleu sombre, mais le ventre de l’engin a été laissé en blanc. La neige s’accroche avec peine sur sa coque trop lisse. Finalement, l’avant m’apparaît.

Je me raidis. Sous le nez surgit, presque incongrus, une forme allongée et menaçante. Un canon. J’ai beau regarder, je ne vois personne. Mais il y a cette arme, cette navette.. avec son canon. Je ne suis pas un grand adepte des coïncidences. Joe m’a fait prendre de quoi me défendre mais j’ai tout laissé dans l’explorateur. Je suis un pilote, pas un mercenaire. D’instinct je me tapis contre le sol. J’ai de la neige jusqu’au menton et pourtant me sens incapable de faire le moindre geste. Pas un mercenaire, non.

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