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Au coeur de Fragments

16 novembre 2006

Accords

Pour commencer un peu de poésie libre, en attendant les nouvelles



A quoi rêves-tu, à une âme déchirée ? Ou regardes-tu les présents qui t’ont été offerts ?
Observe-les biens, non aime-les, sens les ils sont bien plus qu’un peu de fer.
Tu ne pouvais aller, seule, plus de nos jours. Regarde ce qu’il advient de la chair,
Quand on la laisse ainsi s’éteindre. Douce comme du velours, puis sèche et striée de cratère.
Je t’aime, je ne t’aurais pas laissé ainsi. Nos rêves sont faits d’éclats solaires.
Alors rêve toi comme avant cette nuit. Oublie tes membres aussi lourds que la pierre.

Inspire. Sens-le, avale-le à pleines bouffées. Tu vois ? Ce n’est plus le même air.
Il te rongeait, il allait t’empoisonner. Mais désormais, tu peux affronter l’atmosphère.
Viens, prends ma main. Sens-tu ? La peau, le métal ensemble, un beau mystère.
Tu te dis que le temps n’était pas venu. Ferme les yeux, oublie ce qui interfère.
La chaleur passe par notre peau. Et là, ici, d’autres sensations, étrangères.
De légers courants, comme un réseau. Ils viennent et vont entre nous, laisse donc faire.

Je les vois presque, doux et agréables. Ils picotent, parlent on dirait qu’ils s’affairent.
Moi aussi j’aurais pu croire à une fable. Mais c’était vrai. Enfin se termine l’enfer.
Nous ne sommes pas devenus des machines. Ho, non je n’ai pas trahi tes prières.
Regarde tes mains, si belles, si fines. Eternelles, elles encore si fragiles hier.
Nous avons recouvert notre monde de métal. Tu sais, je n’en suis pas fier.
Vivre seuls nous aurait été fatal. Nous sommes enfin unis, tissés d’acier lunaire.

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15 novembre 2006

Pour vous faire patienter

En attendant l'avancée du chapitre4 je vais diffuser quelques nouvelles vielles et anciennes pour vous faire patienter. Rendez-vous dès ce soir pour en profiter.

25 octobre 2006

Attente

Oui, pas de mise à  jour ces derniers temps. Des horaires plus chargés et des reflexions ne m'ont pas permis d'avancer le cours de l'histoire. Tout cela devrait reprendre durant les vacances, à bientôt!

19 octobre 2006

Chapitre IV (2)

Louis Iranegra sentait la main fraîche qui tenait la sienne. La fin du rêve n’avait pas d’importance, car elle changeait au gré de son humeur, du climat, de la compagnie. Adarshini le veillait toujours, avec une patience sans cesse renouvelée. La jeune femme à la peau mate se fondait dans l’ombre de la chambre. Il admirait sa longue chevelure soyeuse, son visage si rassurant. Son regard s’attarda sur la naissance de ses seins. C’était un rituel plaisant et un rien honteux qu’il s’accordait au réveil. Il ne savait pas réellement si elle s’en rendait compte ou si elle n’y voyait rien à redire. Depuis son arrivée, elle tenait à être là pour son réveil, attendant que se dissipent ses peurs et ses souvenirs épars. S’il avait trouvé cette présence réconfortante et agréable, un doute amer le tenaillait depuis quelques jours.

Il se sentait un peu triste à la voir le cajoler ainsi quand il se sentait mal. D’imaginer ces yeux l’observant avec pitié. D’être aimé comme on aime une bête malade et souffrante. Cette sensation ruinait le plaisir qu’il avait prenait à la retrouver tous les matins. En vérité, cela ne lui convenait pas, malgré le confort apparent de la situation. Même en y songeant, il ne parvenait toujours pas à trouver une manière élégante de se sortir de ce piège. Toute réaction lui semblait stupidement blessante.

« Je vais faire un tour dans la palmeraie, Adarshini. »
—N’oublie pas de revenir à temps pour le déjeuner.

Elle lui lâcha la main presque à contrecoeur et quitta les lieux à petits pas. Louis admira une dernière fois sa silhouette et ferma les yeux. La pièce devenait plus commune, moins vivante quand elle la quittait. Réellement. Il se leva et s’habilla en vitesse, avant de s’asseoir sur le lit. Il passait de longues heures à dormir, assommé par la chaleur qui invitait à la nonchalance. La porte en feutre laissait déjà filtrer la vive lueur du jour. Il avait juste le temps d’une courte ballade, avant que la température ne devienne trop incommodante. Le sable encore tiède crissa sous ses pas tandis qu’il se dirigeait vers l’ombre accueillante des palmiers.

Il se retrouva vite à l’endroit habituel. Quelque part il sentait que ce n’était pas positif de ressasser les mêmes choses. De tourner en rond. Si on lui demandait il n’aurait qu’à dire que ses pas l’avaient menés ici, sans autre forme d’explication. Et s’il faisait un effort il finirait peut-être tout aussi bien par s’en persuader lui-même. Dans certaines zones, se recueillir auprès des morts constituait un rituel important. Mais que dire d’un homme venant sans cesse observer le cadavre d’une machine ? On l’avait dissimulée sous des branches et des feuilles sèches, et il ne restait de l’explorateur qu’un curieux monticule végétal. Louis s’agenouilla près du sable et ne pu s’empêcher de regarder les orifices qui transperçait l’arrière de l’engin. L’odeur âcre mais envoûtante du carburant disparaissait doucement au fil des jours. A présent il ne la sentait plus qu’en creusant le sol. La première fois qu’il avait réellement repris conscience depuis son arrivée il était parti à la recherche de toutes sortes de solutions désespérées. Jusqu’à imaginer de récupérer le précieux liquide qui avait imbibé le sable. En vain bien entendu. A présent il ne faisait plus que se recueillir, prendre le temps de réfléchir.

« Difficile à te voir de comprendre si tu souhaites partir ou tu te réjouis de rester » Sapan le fixait sans s’approcher. Il portait cet accoutrement qui paraissait si étrange à louis, destiné à voyager à l’abri du vent, de la chaleur et de la poussière. « J’ai peur que tu ne causes de la peine à ma sœur, Louis. Elle pensait pouvoir guérir rapidement tes blessures, mais à dire vrai tu souffres d’autre chose contre laquelle elle se sent impuissante. »
—Je ne devrais pas revenir à cet endroit, répondit-il d’un ton las. Mais j’ai peur de faire un mauvais rêve, de vouloir rester par découragement. Je dois venir ici pour bien réaliser, m’assurer de ce qui m’est arrivé.
—Peur d’avoir envie de rester ? Je ne te comprends pas. Mais il est encore tôt pour que nous comprenions. » Sapan s’était rapproché, et observait l’engin à ses côtés. Il s’empara d’une grande feuille tombée à terre et la replaça sur les autres.

« Nous l’avons bien caché, comme tu nous l’avais dit. Mais maintenant, tu ferais peut-être bien de l’oublier, toi aussi. Sinon tu deviendras aveugle à ce qui t’entoure. » Louis ne savait pas quoi répondre au jeune homme. Rencontrer ces personnes si accueillantes avait été une bénédiction, il en était certain. Mais leur sollicitude l’irritait, tant elle mettait à nu toutes ses propres contradictions. Une sensation qui l’emplissait de honte.

« J’aurais bientôt des nouvelles pour toi. J’espère qu’elles te feront changer d’attitude. » Sapan venait de lui parler d’un ton bien plus grave. Il lui décocha un sourire complice pour le laisser à nouveau à sa solitude.

11 octobre 2006

Chapitre IV !!

Chapitre IV : Miroirs

L’air fait son retour. Et avec lui le sifflement furieux d’une navette lancée à vive allure. Je plonge entre les nuages que j’illumine du crépitement violacé des restes d’Ether. Le sol apparaît, hérissé de constructions pointées vers le ciel. Je me précipite, sorte d’insecte vrombissant, entre les artères que dessinent ces sommets. J’ignore ces silhouettes floues qui défilent tout autour de moi. Une seule chose m’importe, le retrouver. J’accélère encore et encore. Ma vitesse est telle que tout le reste en devient flou, presque irréel. J’ignore les pointes métalliques qui rivalisent orgueilleusement de hauteur. J’ignore les arches lancées à l’assaut du vide, les façades vitrées et lumineuses. J’avale goulûment la ville sans prendre le temps de l’explorer. Je viole ce ciel pour mon plaisir et pour le défi. Pour le rattraper.

Je suis furieux. J’ai perdu un temps précieux dans la zone 51. A vouloir rester dans l’orage pour gagner quelques minutes. J’ai raté la sortie et j’ai été quitte pour une boucle supplémentaire. Quel imbécile. Je me vois encore sous ces nuages couleur de plomb, frôlant les mines désertées, caressant la terre. Et je n’ai pas pu filer dans la fissure, ce minuscule point caché par les nuages. Imbécile.

 

Enfin je le retrouve, ou plutôt son triple panache. Une signature que je connais par cœur. Il n’a pas osé maintenir mon allure au dessus de Venezia. L’espoir ? Non, un appétit féroce. Insatiable. J’approche les limites du supportable pour ma poussée vectorielle. Le Nova souffre en silence, supportant tous les caprices de son maître. Brave engin ! J’aimerai le sentir comme je me sens maintenant, ivre de vitesse de puissance. Il vibre, il hurle, il crache les enfers mais il n’a pas cette rage, cet appétit qui sont les miens. Fernando n’a plus qu’à bien ce tenir. Il ne réalise toujours pas ce que je gagne. Ces instants volés au mépris de ma vie. Ces kilomètres avalés au mépris de tout raison. Dissimulé par les toits de Venezia, je tiens ma revanche.

Nous crevons les nuages ensemble. Les deux navettes filent côte à côte, insensibles à notre rivalité. Lui a compris que je ne lui laisserais pas de seconde chance. Il y a deux routes qui mènent à notre but. Laquelle ? Laquelle Fernando choisira-t-il ? Je sais au fond de moi-même celle que je vais prendre. La plus folle, la plus rapide. La plus belle. Et j’espère, j’espère qu’il fera autrement. Son esprit mesquin, son courage vacillant… oui il prendra forcément l’autre. La grande, la sûre. La route de la défaite. Comment savoir ? Nous sommes encore trop loin. Je jette un coup d’œil au transmetteur. Non. Je ne dois pas le contacter, ce serait ridicule. J’aurais bien le temps à l’arrivée. Est-ce qu’il nous regarde, mon Nova et moi, en ce moment ? Est-ce qu’il le fait ? Peut-être pense-t-il le même genre de choses que moi à cet instant même. Mes paumes sont brûlantes à force de serrer les manettes. Mode manuel, bien entendu. Le seul qui fasse la différence. Le seul qui permette de surprendre, sans se trahir par de jolies mais si prévisibles trajectoires.

Tout se décide en instant. Il se détourne brusquement en direction du grand passage. Je laisse éclater ma joie mesquine dans l’habitacle. C’est le sourire aux lèvres que je me précipite vers « ma » fissure. Bref moment  d’éternité. L’Ether enserre le Nova, nous coupe de tout. Mon cœur suspend ses mouvements pour un bref instant, un bref instant de doute. Je ne crois pas qu’il y ait quiconque qui ne ressente pas ça. Cette peur aiguë mais si courte face à l’inconnu, la négation totale de ce que nous connaissons et vivons. Et puis l’Ether nous relâche, nous expulse à nouveau dans le fracas du monde. J’inspire profondément. Zen Rou, la ville industrielle s’étend le long de grands couloirs enfumés. Je les emprunte à toute allure, suivant ce parcours étrange et dangereux que j’ai consciencieusement préparé. La dernière fissure n’est plus très loin. La lueur des fonderies se reflète sur mes vitres, elle s’échappe des innombrables ouvertures qui percent les vastes artères de la cité. A Zen Rou, la notion d’extérieur et d’intérieur n’a plus grand sens. Combien de regards fatigués se posent un bref instant sur moi ? Juste le temps d’apercevoir une comète filant dans leurs ruelles polluées. Toutes ces lumières s’écoulent devant mes yeux, hypnotiques. Et enfin apparaissent les balises vertes qui signalent le mur. Je me laisse engloutir avec délice par le vortex d’Ether.

Le ciel est si lumineux que j’en cligne des yeux. Cet endroit est si vaste ! C’est dans ce ciel splendide que deux navettes se retrouvent. Trop rapides, trop imprudentes. Le choc est moins terrible que je me l’imaginais. Pas assez fort. Je suis conscient, je ne sens que trop bien mes viscères me monter à la gorge. Je ressens la chute avec une acuité remarquable, horrible. Quel con, quel con, quel con… Je vais m’écraser sous les yeux de dizaines de pilotes. Ils hocheront tristement la tête, si compréhensifs et si peu à la fois. Ils en parleront entre eux, beaucoup, puis de moins en moins. C’est le destin de ce qui aiment le vide, une fin meilleure que celles qu’on peut connaître dans l’Ether. Mes aérofreins s’ouvrent, enfin ce qu’il en reste. Et je ne me souviens même pas d’y avoir touché. Je ne suis plus qu’un homme qui chute. Un homme et sa navette, blessée à mort par son orgueil d’un jour.

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9 octobre 2006

Ouf

Voilà donc les trois premiers chapitres terminés. Je vous invite chaudement à réagir afin de me permettre de me faire une bonne idée sur ce que je dois faire ou éviter pour la suite... et la réécriture. Et puis ça motive toujours!

9 octobre 2006

Fin du chapitre 3

Il y a des questions qui n’ont pas la chance de pouvoir survenir. Comme le choix de ma destination. Tout à mes pensées concernant ce que j’avais découvert ici, j’avais atteint mon explorateur. Une fine pellicule blanche lui donnait un air étrange, à la manière d’une bonbonne couverte de givre. Le présent m’a alors brusquement rattrapé sous le forme d’un vrombissement sourd venant du lointain. Le vacarme de propulseurs qui se mettent en marche. Un coup d’œil en hauteur confirme mes craintes, car le temps est pratiquement dégagé. Je me précipite dans l’appareil que je souille immédiatement de mes affaires trempées et glaciales. Une visite est imminente, le genre de visite qu’on préfère éviter.

Je résiste à la tentation de lancer la machine immédiatement. Je maintiens un faible régime pour réchauffer les parties sensibles, pendant d’interminables secondes. La zone de sécurité est encore trop loin ! Le vrombissement a reprit au dehors, je l’entends distinctement via les hauts parleurs qui me relient à l’extérieur. A l’instant où la lueur de mes cadrans vire au bleu, j’arrache la navette au sol. La neige disparaît dans un vaste nuage de vapeur en produisant une plainte déchirante. Un peu de visibilité retrouvée, je distingue la menace, sous forme d’un inoffensif petit point dans les hauteurs. Il s’approche en décrivant une grande boucle. Je verrouille mon radar anti-collision dessus et me lance à la recherche des fissures. Le paysage file à tout allure sous le ventre de mon appareil mais je n’ai d’yeux que pour la forme orangée qui évolue sur mon tableau de bord.

Un bourdonnement retentit dans l’habitacle. Le mur ! Aucune ouverture détectée pour le moment, je vire sur la droite avant de monter en flèche. Bien m’en prends car la silhouette de l’appareil ennemi s’illumine de brefs éclairs jaunâtres. La pluie de projectiles se perd dans l’Ether et je le vois amorcer lui aussi un virage serré. Il est probablement moins maniable que mon explorateur ce qui me laisse espérer. Je progresse en zigzaguant, en essayant de rester à son altitude. Le canon que j’ai aperçu tout à l’heure semblait conçu pour tirer au sol, ce qui le forcera à m’approcher en plongeant. Toujours aucune issue n’apparaît aux ultraviolets. Une succession de claquements secs me fait changer de direction. J’ai à peine le temps d’apercevoir les derniers obus supersoniques filer dans le vide. J’ai laissé mon adversaire se mettre en position, tout occupé à chercher une sortie ! Je décide de changer de tactique. Je coupe partiellement les gaz et me laisse tomber en direction de la plaine enneigée.

Rapidement, le vaisseau arrive à ma hauteur et je relance ma course afin de rester sur son côté. Il comprend la manœuvre car il commence une série de virages abrupts, mais je profite de ma plus petite taille pour rester hors de portée. Ce bref répit me permet de reprendre mon objectif principal. D’anciens réflexes me reviennent, peu à peu les sons qui m’entourent se font plus flous, moins présents. J’alterne sans cesse les coups d’œil à la carapace d’Ether et à mon adversaire. Leur pilote n’est pas mauvais, mais je le sens peu habitué à ce genre de poursuite. Pourchasser un autre appareil c’est tout autre chose que de menacer des piétons, n’est-ce pas ? Ma patience se voit enfin récompensée. Je laisse le radar noter la position de la fissure et poursuis ma route dans son sillage. Je vais attendre qu’il quitte cette direction pour lui fausser compagnie.

Quand l’instant se présente, je lance toute ma puissance  et file en direction du salut. Je déploie rapidement mes antennes de passage. Je serre les dents au passage du choc que cela provoque et pointe résolument ma navette sur le lent vortex qui se trouve loin devant moi. « Clac clac clac. » Mes turbines hurlent tandis que je change brutalement de direction, encore alerté par le bruit des tirs. L’enfoiré balaye l’air devant lui de ses tirs afin de me couper la route. Je file en spirale, mais ne le voit pas me prendre directement en chasse. Au contraire, il s’écarte afin de continuer à couvrir la route qui mène à la liberté. Je replie mes antennes et reprends de la vitesse. J’enrage de me sentir si impuissant. Je suis meilleur que lui, putain ! Mais il est armé cette ordure, et je ne peux rien faire. Ma colère fait ressurgir d’anciens souvenirs, des images que j’avais enfermées dans mon esprit. A double tour. Je sens la sueur irriter mes yeux… mais tout devient d’une clarté aveuglante.

Je me précipite sur lui. A toute allure. Il semble hésiter et se positionne pour m’abattre sommairement dès que je ferai mine d’aller en direction du mur. Il n’a pas compris que je ne compte pas du tout le faire. Je file directement vers son appareil, il envahit mon champ de vision, je le vois comme si j’étais à quelques mètres malgré la distance. Lentement, je pose les doigts sur les commandes dont j’ai besoin. J’attends cet ultime moment, ce moment où son courage fléchira. Il change encore une fois de route, en vain. Change donc, change ! Juste avant le choc, j’ouvre mes aérofreins et inverse la poussée des moteurs. Je lui passe sous le nez dans un hurlement sonore. Les turbulences happent la navette sans lui laisser la moindre chance. Je pousse un cri sauvage à la vue de mon ennemi tourbillonnant sans contrôle. Je déploie à nouveau les antennes et lance le champ répulsif. Il ne me reste que quelques secondes avant d’arriver au mur.

Une vue arrière me montre le bandit en train de revenir, mais il n’aura jamais le temps de s’orienter correctement. J’accélère droit sur la fissure. C’est sans compter le baroud d’honneur de mon malheureux adversaire. Son canon pivote et arrose au petit bonheur la chance toute la zone. Les projectiles filent tout autour de moi. Non, non, non ! Pas comme ça, pas maintenant, pas après tout ce que j’ai fait ! Pas au bord du mur ! Je sens plus que je n’entends la coque vibrer sous les impacts. Plus rien n’a d’importance. L’Ether nous a englouti, mon vaisseau et moi. Que j’aime ce silence ! Jamais je n’en ai entendu de si beau de toute ma vie. Jamais.

9 octobre 2006

Chapitre III (11)

après ce passage, il ne restera probablement plus qu'un message d'ici la fin du chapitre 3



Je creuse frénétiquement à l’aveugle dans le tapis de neige. Ma main finit par rencontrer le vide, enfin. J’agrandis le trou et retrouve la sensation de l’air libre dans ma gorge. Je suis encore à moitié enseveli quand je peux nettoyer mes lunettes des flocons qui les obstruent, la lumière atténue enfin ma panique. Lorsque je me remets debout c’est pour découvrir un paysage dévasté, balayé par une avalanche : du mur qui me faisait face ne reste qu’une grande coulée blanche emplissant les lieux de l’affrontement. Des blocs de pierre noirâtres surgissent ça et là et je me rends compte que le pilier qui soutenait cette falaise de glace s’est effondré lui aussi. Je suis un miraculé.

 

 

Je secoue les restes neigeux qui s’accrochent à ma combinaison et mes cheveux. Le silence est impressionnant après tant de fureur. J’ai encore un peu de peine à réaliser mais je suis bien le seul à me dresser entre ces colonnes. La poursuite a pris fin de la plus violente des manières. En quelques pas maladroits je retourne dans la grande travée qui parcourt la construction. Toujours rien à l’horizon, aucun guetteur ne semble m’avoir attendu. Je n’ai pas vu de traces dans les restes de l’avalanche. Mes poursuivants doivent être morts. Comme j’aurai pu l’être… mourir ici, finir oublié à jamais. Une joie sauvage me réchauffe, le plaisir simple et brutal de les avoir piétinés. Il ne me reste plus qu’à rejoindre mon explorateur, il me faudra juste presser le pas car la tempête s’affaiblit.

 

 

C’est alors que je la remarque. C’est une main gantée de bleu, seule dans la neige, une simple main. L’ai-je bien aperçue ? C’est peut être un autre bout de tissu, non je fais semblant de n’avoir pas compris. Je n’arrive pas à tourner le dos et partir, en simple vainqueur sûr de son fait. En m’approchant, je peux la toucher, j’exerce une légère traction, presque à contrecœur. Rien ne vient. Je n’ai plus le choix. Je dégage la neige de mes mains, libérant peut à peu un avant-bras, puis une épaule. Mon rythme s’accélère, je suis toujours un fugitif c’est stupide mais j’ai choisi. Le corps vient lentement quand je le tire, son enveloppe de neige compacte cède sous mes assauts. Et nous nous retrouvons tous deux allongés au sol. Aucune réaction. Je lui arrache sa capuche afin de découvrir ses traits. Sous mes doigts, des vagues de cheveux roux s’échappent et glissent hors de leur prison. C’est une femme.

 

 

Son visage est beau, malgré son teint pâle et ses lèvres violacées. Elle semble seulement endormie. D’une main hésitante, je dégage sa peau des derniers cristaux, puis suspends mes gestes. Je dénude ma main et l’appose contre sa joue, elle est glaciale. Je décide malgré tout de la déplacer dans un endroit plus pratique. C’est au moment où je saisis ses jambes que j’entends un faible gémissement. Quelques larmes se frayent un passage sous ses yeux entrouverts. Je lâche le membre et lui arrache un second cri. Son visage frissonne sous mes mains, je souffle un peu afin de le réchauffer. C’est ainsi que son regard me surprend, tenant son visage entre mes mains. Il passe par une multitude de nuances au fil de son réveil. Je sens une terrible peur et soudain, une défiance subite. Elle a compris qui j’étais.

 

 

« C’est vous qui… »

 

—C’est moi. Il n’y a plus que nous deux. » Ses yeux s’éteignent quelques instants.

 

—Merci. » Sa réponse est parti comme dans un souffle. « Vous n’auriez pas du venir. »

 

—Vous savez pourquoi je suis venu.

 

—Pour la fille… Elle n’est plus ici. Laissez-moi, maintenant.

 

—Attendez. »

 

 

Je la sens tendue, pourtant ma voix n’était pas menaçante. Je m’approche d’elle et je la vois serrer ses lèvres encore bleutées, comme figée par la peur. Tout devient clair quand je constate que j’ai la main posée sur sa jambe blessée. Une simple pression et je me transforme en tortionnaire… Mais ce n’était pas mon intention. Un silence pesant s’installe. J’écarte lentement ma main sans quitter son regard.

 

 

« J’ai besoin d’en savoir plus, Sylvie. » Touchée ! Je devine à sa réaction que je n’ai pas fait fausse route. Elle détourne les yeux, le visage fermé. Je soupire. Je la laisse le temps d’aller voir l’endroit où elle se trouvait ensevelie. Là au fond du trou, je récupère ce que j’attendais, un pistolet mitrailleur. Puis je reviens vers elle et détache sa cartouchière avant d’en prendre le contenu. Sylvie se laisse faire sans mot dire et ne tente plus de me dévisager. Etrange, je m’imaginais ce genre de bandit bien plus capable de tenter un mauvais coup dans sa position. Drôle de fille, vraiment. Avant de partir, je lui tends mon pistolet d’alarme.  Comme elle ne le prend pas, je lui pose sur la poitrine en ajoutant « Utilisez-le au moment qui vous semblera raisonnable. »

 

 

 

Elle m’arrête au moment où je tourne le dos. A sa voix je sens qu’elle a changé d’opinion. « Hey. Vous êtes un homme bien. Renoncez, je vous en prie. » Je m’éloigne sans répondre. Elle reprend plus fort, criant presque à cause de la distance. « Renoncez ! Vous serez tout seul, n’essayez pas d’en apprendre plus ! Vous méritez mieux ! »

 

 

Je ne peux pas. Je la salue de la main avant d’accélérer le pas. Quand une jolie fille vous dit de renoncer, et qu’il s’agit visiblement de la solution la plus sûre il faut être un peu fou pour ne pas le faire. Mais cet incident m’a fait franchir un seuil. Plus question de faire machine arrière. Il me reste encore un bon bout de chemin avant mon vaisseau. Je dégaine mon récepteur et m’enfonce dans la grande pleine enneigée qui s’étend devant moi, les yeux rivés sur le petit cadran. Le ciel s’éclaircit de minute en minute. Je dois faire vite.

 

 

Je suis presque arrivé à bon port quand je vois une lueur rouge illuminer l’horizon derrière moi. Très raisonnable, Sylvie.

 

6 octobre 2006

Chapitre III (10)

héhé un gros morceau pour me faire pardonner ^^


 

J’attends, pelotonné au mieux contre les roches qui bordent le repaire. Quelque chose en moi me dit qu’une occasion va surgir et j’attend, tendu et prêt à bondir sur l’opportunité quelle qu’elle soit. La sentinelle qui m’a tiré dessus va bientôt les alerter de ma présence au-dehors, la suite je ne peux que l’imaginer. Soudain l’un d’entre eux donne l’ordre de faire silence. Sa voix puissante et claire me parvient malgré le souffle du vent. Il se tient debout au centre du groupe, une femme –dame Sylvie ?- à ses côtés.

« Il ne peut pas fuir sans laisser de traces. Le premier groupe ira avec moi le long de la piste, c’est sa seule possibilité de fuir sans laisser ses propres marques. Les autres, vous me retournez cet endroit, et proprement ! »

Aussitôt, je les vois se disperser et rentrer dans les cavernes tandis que cet, homme, un commandant probablement, emmène ses hommes le long du chemin menant aux colonnes et à leur vaisseau. L’occasion devient très nette dans mon esprit, aussi insensée qu’elle puisse être. Je vais me rendre au dernier endroit où ils me chercheront : dans le dos des rabatteurs. Chaque instant passé ici accroit mes chances d’être aperçu par l’un d’entre eux. J’observe avec une patience mise à rude épreuve le groupe s’éloigner dans la tempête. Je ne peux pas courir le risque qu’un retardataire m’aperçoive. Les secondes s’écoulent, interminables. Enfin l’esplanade me paraît vide. Je m’élance hors de ma cachette, les jambes raidies par le froid et ma chute Ces premières foulées me semblent terriblement lourdes – bons sang, je tiens vraiment à me faire attraper comme un looser ? – mais je tiens bon. Je scrute les minces silhouettes qui avancent devant moi, prêt à bondir au sol au cas où l’un d’entre eux aurait la mauvaise idée de se retourner. Au bout de quelques minutes, les falaises ne sont plus que des formes sombres et floues derrière le fin voile de neige. Mon stratagème semble fonctionner.

Le frisson du danger et de l’audace me traverse tandis que je continue à suivre mes poursuivants. Cette impression d’être sur le fil du rasoir, de dominer la situation par une ruse si risquée. J’en arrive à réaliser que j’ai bien réussi à me mettre à leur suite, sans vraiment songer à comment agir au moment de regagner mon appareil. Pris d’une angoisse subite, je sors mon récepteur et le tapote nerveusement en attendant que l’écran s’allume. Un coup d’œil aux ravisseurs. Leurs formes sont encore visibles dans la brume. Un « ping » sonore retentit quand mon récepteur capture le signal. Je me fige. Rien ne se passe, les autres continuent leur chemin comme si de rien n’était. L’écran luit faiblement dans cette lumière tamisée, mais j’y voit suffisement pour constater que tout va bien. Avec ce guide et la tempête pour dissimuler mon explorateur j’ai encore toutes mes chances d’échapper à ce nid de frelons. J’accélère l’allure pour ne pas me faire distancer. Je ne sais toujours pas comment quitter en beauté les rabatteurs. Une fois parvenus au bout de la piste ils réaliseront leur erreur. Et je ne pourrai pas leur faire le plaisir d’en tracer une spécialement pour eux…

Ce problème ressurgit en même temps que les formes inquiétantes mais connues des colonnes. Le groupe de rabatteur a rapidement inspecté son propre appareil et jugé que je l’avais contourné. Ce que je fais en pratique, tout en gardant une certaine distance de peur d’une mauvaise surprise quelconque. Les arches de pierre noires projettent leur ombre sur la neige assoupie, toujours privée de vent. Je réalise réellement leur taille en apercevant les silhouettes des bandits à proximité. Ils semblent progresser bien moins vite à présent, et doivent scruter la moindre cachette. Je ne peux pas rester à découvert, je dois me trouver dans ce chaos architectural quand il leur viendra à l’idée de rebrousser chemin. Je me précipite un peu trop vite en direction des piliers les plus proches. Soudain la rumeur de la tempête laisse place au calme étrange de l’endroit. Peu importe, je suis déjà contre l’une des colonnes, hors de vue. Je respire à pleins poumons l’air glacial, au comble du soulagement. C’est alors que je me rends compte de mon erreur.

Ils ne feront pas demi-tour. J’ai laissé ma propre piste, un chemin menant directement à ma navette. Je n’ai plus un instant à perdre. Je tente de prendre les rabatteurs de vitesse sans me faire remarquer. Je n’ai qu’à me faufiler entre les piliers, sans croiser leurs regards. Tâche plus ardue qu’il n’y paraît. Les vents ont déposé à l’extérieur de cette grande nef inachevée des quantités impressionnantes de neiges dans un désordre décourageant. Je dois user mes maigres forces à gravir et contourner toutes sortes de congères et de bosses plus ou moins friables. J’ai bien entendu perdu de vue le groupe lancé à ma poursuite. J’avance à vrai dire, poussé par l’aiguillon de la menace planant sur mon vaisseau, bien plus que par la crainte d’être moi-même pris en chasse.

Cruelle erreur. L’un des grands piliers brille par son absence. Nous nous apercevons en même temps au travers de cette trouée. Sans prendre le temps de crier quoi que ce soit, les ravisseurs font feu. Je cours comme un dératé sous le tonnerre de détonations. Les colonnes suivantes m’offrent leur abri pour un court instant, mais la peur secoue toutes mes pensées. Une arme. J’ai besoin d’une arme, de faire croire que j’ai une arme. Je dois bien avoir quelque chose pour faire une putain d’arme. Je lance mon sac contre un monticule de neige et le fouille frénétiquement des mains emmitouflées. La solution se tient dans mes paumes tremblantes d’excitation. Un pistolet de détresse. Je prends une pleine poignée de mini-fusées et enfile mes affaires à tout allure. Je charge l’engin brutalement, sans prendre la peine de regarder devant moi. Une nouveau coup de feu retentit, ils ont du m’apercevoir l’espace d’un instant. Mais j’ai de quoi riposter.

La suite me semble durer une éternité. Une de ces étranges colonnes a donné naissance à un véritable mur de neige, me privant d’issue. Alors que je tente de le contourner surgissent mes poursuivants. Je les vois épauler leurs armes et je n’hésite pas. La fusée part dans un cri strident dans leur direction. Sa grande trace rouge file en tourbillonnant avant d’éclater en une gerbe de lumière tout près d’eux. La surprise les fait presque tous tomber au sol. J’exulte un court instant et tente de prendre la fuite. Mais leur chef – du moins je le pense – pointe un fusil de belle taille dans ma direction. Je n’ai que le temps d’entendre un bruit sourd. Puis l’air se déchire et tout n’est plus neige enragée. Le temps d’entendre un sinistre craquement – ou de le croire tant tous les sont me paraissent irréels – la marée blanche se transforme en voile noir. C’est terminé.

3 octobre 2006

Changement de style pour le pdf

Voilà suite à certaines demandes je me suis donc converti au style justifié... Le pdf principal est donc mis à jour pour ce supplément (j'espère) de confort de lecture.

Pas de passage pour ce soir, mais n'hésitez pas à réagir de temps à autres, ça fait toujours plaisir surtout pour un projet de longue haleine!

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